L'impact du COVID-19 sur les infirmiers de Necker
Kévin est infirmier à l'hôpital parisien Necker-Enfants malades. Il a voulu témoigner sur l'impact du coronavirus sur ses conditions de travail, et du rôle qu'a joué Petit Coeur de Beurre dans cette période difficile.
"Le coronavirus a eu un impact assez fort sur nos conditions de travail à Necker. Tout d'abord, de nombreux adultes atteints du COVID-19, très différents de nos patients habituels, ont été pris en charge en réanimation. L'unité d'hospitalisation n'a eu aucun patient atteint du COVID, ce qui a incité certaines infirmières à venir donner un coup de main en réanimation.
Il y a eu aussi un impact sur la charge physique: il est beaucoup plus astreignant de mobiliser une personne de 80kg ( pour les plus légers, 137kg pour la plus lourde) qu'un enfant de 20kg ou un bébé de 3kg. De plus, le matériel dont nous disposons n'était pas forcément optimum pour les adultes lourds. Par exemple, on a dû changer deux fois de lit pour une patiente, les mécanismes pour l'asseoir ou l'allonger ayant lâché. Cependant, en dehors de ce problème somme toute mineur, nous n'avons jamais été en pénurie, ni en masques, ni en protections. Nous avons eu à cet égard beaucoup de chance par rapport à de nombreux autres services.
L'impact a été plus limité sur la charge mentale, puisque l'on s'est occupé de patients sous assistance ventilatoire ou circulatoire, ce qui est une prise en charge habituelle pour nous.
En revanche, l'habillage nécessaire pour rentrer en chambre des patients atteints a été très éprouvant. Nous avions tous très chaud une fois habillés; on était tous en nage en sortant des chambres et cela rendait les soins plus fatiguants que d'habitude, d'autant plus que le poids des patients ajoutait déjà de la dépense physique.
Il a fallu être vigilant sur le matériel et les médicaments pour éviter les pénuries, on a calculé les consommations en essayant de les réduire au maximum; un stress supplémentaire pour nous.
La plupart d'entre nous avons choisi de limiter voire supprimer les contacts avec nos familles afin d'éviter de les contaminer involontairement... C'est très compliqué de ne pas voir les proches qu'on aime. Par exemple, une de mes collègues a laissé ses enfants chez ses parents pendant tout le confinement.
Pour les enfants atteints de cardiopathie, je pense surtout au report des interventions qui étaient estimées moins urgentes. Il fallait aussi prendre en compte le risque de mobiliser longtemps du matériel qui aurait pu être nécessaire pour les patients atteints du COVID et donc réquisitionné.
Les soignants de ces enfants ont peut-être eu des disponibilités différentes, du fait des soucis inhérents à une telle situation.
Petit coeur de beurre nous a aidé en nous fournissant des visières, des dispositifs pour éviter que les élastiques du masque nous fasse mal aux oreilles, des douceurs (bonbons,chocolat) , des fruits bio... et en continuant à aider les parents de nos patients comme ils pouvaient. Pour moi, Petit Coeur De Beurre c'est un soutien régulier et indéfectible depuis six ans, un soutien pour les patients, leurs parents et les soignants. Je parle de l'aide aux patients et à leurs parents parce que cette aide nous est tout aussi précieuse. Des patients et des parents détendus, ce sont des relations simplifiées et des soins plus faciles à réaliser pour nous. Aider les patients en leur fournissant des moyens de distractions (télévisions, activités diverses...) et leurs parents en leur permettant de sortir des difficultés de l'hospitalisation de leur enfant (aide logistique, détente...), c'est donc aussi aider les soignants. Nous fournir du matériel pour les carnets de vie, c'est faciliter une période d'une difficulté inimaginable pour les parents et les enfants.
Ce que je retiens de positif, c'est la solidarité dont les gens ont fait preuve envers nous, la reconnaissance de nos difficultés a été agréable et j'espère qu'elle perdurera et que cela permettra d'améliorer nos conditions de travail.
Un autre point positif est la mise en commun des réflexions pour la prise en charge des patients entre les différentes unités; la communication a été bonne, et ça a été agréable à vivre."
Crédit Photo: Eric Bouvet
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